Vieille institution de la ville, le marché Goubert, au centre de la cité déploie toujours ses étals colorés. C'est un lieu incontournable de toute visite à Pondichéry.
Si on rentre par la rue Mahatma Gandhi on est tout de suite dans l'ambiance en traversant le marché aux poissons.
Le marché est souvent fréquenté par des groupes de hijras qui chantent, dansent et surtout réclament de l'argent sous peine de jeter des mauvais sorts.
Les hijras forment des communautés de personnes du "troisième genre" (genre reconnu par un décret de la Cour Suprême de l'Inde depuis 2014) : personnes transgenres, eunuques, personnes intersexes. Un très bon article de Wikipedia fournit des informations sur cette communauté et celle-ci est évoquée abondamment dans un roman de Arundhati Roy, "Le ministère du bonheur suprême".
À partir du marché de poisson en remontant le marché, les couleurs explosent.
Les légumes
L'arrivée des sacs de pommes de terre.
Les herbes qui parfument la cuisine indienne.
Une statue d'un Dieu hindoue cachée au milieu des tomates.
Les appétissants piments qui bruleront nos palais.
Sur un mur, une annonce de décès côtoie la publicité d'un film indien.
Des sachets de teinture sont disponibles dans le quartier des droguistes.
Le quartier des fleurs.
Étal de fleurs béni par un brahmane.
Guirlandes de fleurs chatoyantes qui attirent le sourire des femmes.
Et en Inde, pays où éclatent les couleurs, l'harmonie qui se crée subitement entre un sari et les fleurs d'une échoppe.
Les coquettes trouveront tout ce qu'il faut pour les embellir. Vernis à ongles, poudre rouge à déposer en un beau point au centre du front ou sur la raie des cheveux pour les femmes mariées, bindis (petits stickers que les femmes collent sur leur front), bangles (paires de bracelets), etc.
Et nous terminons par le quartier des marchands de tissus, de saris, de linges de maisons au pied de la vieille horloge repeinte couleur bonbon.
Malheureusement ce lieu plein de vie est menacé par la destruction. Un emplacement pareil au centre d'une ville qui attire de plus en plus de touristes indiens fait certainement rêver tous les promoteurs de la région. Un projet de centre commercial à l'occidental est en vue.
Il est vrai que très peu de travaux de maintenance y ont été pratiqués dans ce marché depuis sa construction. Certes, quelques échoppes sont vétustes mais leur rénovation pourrait se faire à moindre coût, le père de notre ami Aroul l'a fait en 3 mois en 2019.
Depuis, plusieurs années, la municipalité a déjà tenté de chasser les marchands de poissons et leur a offert un nouveau marché qui s'avère pour eux trop loin du centre ville et de leur clientèle. Un grand nombre de marchands continuent à résister.
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Protestation des marchands de poisson (The Hindu, édition de Pondichéry, 11/4/2022)
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Pour les autres commerçants, une énorme pression se fait pour leur faire abandonner leurs emplacements : contrôle sanitaire, augmentation des taxes, augmentation des loyers (4 fois le prix actuel). Les commerçants du marché s'organisent depuis un an et ont pris un avocat pour plaider leur cause.
Nous souhaitant à toutes ces personnes de conserver leurs magasins où, pour la plupart d'entre eux, travaillaient déjà leurs parents et grands parents.
Françoise et Matthieu