Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

vendredi 22 février 2019

Pondichéry, une ville qui se transforme

Le concept de smart city est actuellement mondial et implique généralement majoritairement les technologies de l'information et de la communication : transports connectés, immeubles "intelligents", assistance aux personnes dépendantes, le paiement dématérialisé, la sécurité, ... Il peut aussi recouvrir les énergies propres que ce soit dans les transports ou l'habitat. Enfin, ce concept peut atteindre des niveaux extrêmes, comme en Chine, où l'introduction de l'intelligence artificielle peut aller jusqu'au contrôle très rapproché de chaque citoyen comme c'est le cas dans les régions du Xinjiang et du Tibet.

En Inde, pays où les villes ont grossi de manière anarchique, il y a des problèmes plus élémentaires à régler. Le gouvernement de l'Inde a lancé, en 2015, le projet India Smart Cities Challenge.

L'objectif est de développer 100 smart cities en Inde et soutenir la réhabilitation de 500 autres villes indiennes. Dix points essentiels sont abordés dans ces projets :
  1. La gestion de l'eau (réseaux d'approvisionnement, d'évacuation) ;
  2. La gestion de l'énergie, en particulier assurer un approvisionnement stable en électricité ;
  3. Le traitement des déchets ;
  4. L'amélioration de la mobilité intra-urbaine et une politique de transports publics efficaces ;
  5. Un projet immobilier faisant la place à des habitations abordables pour tous ;
  6. Des télécommunications de qualité et le développement du numérique dans la société ;
  7. Une gestion saine, l'e-gouvernement et la participation citoyenne ;
  8. Un cadre de vie durable ;
  9. La sécurité des habitants et en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées ;
  10. Des services de santé et d'enseignement de qualité.
Si l'urgence de traiter les 4 premiers points est évidente pour tout visiteur de l'Inde, les 6 suivants sont bien entendu tout aussi, si ce n'est plus, importants pour la société indienne.
Le projet national est ambitieux et l'Inde y consacre plus de 13 milliards d'euros.

Pondichéry n'est pas dans la "short list" des 100 premières villes sélectionnées pour l'India Smart Cities Challenge. Néanmoins, deux premières initiatives sont visibles à nos yeux de touristes.

La première consiste en un projet Smart Cities parrainé par la France et porté par le gouvernement de Pondichéry. Ce projet s'organise autour du patrimoine architectural original de la ville. 100 millions d'euros (co financé pour un peu moins d'un tiers par la France et, pour le reste, à parité par le gouvernement central indien et l'état du Tamil Nadu) doteront les différentes tâches sélectionnées parmi les 70 projetées, comme :
  • des logements abordables pour tous et en particulier, la disparition des bidonvilles ;
  • l'amélioration des flux en ville avec comme objectif de réduire la pollution, de créer/rénover trottoirs et rues, de développer/améliorer les transports publics intra-muros, de créer des pistes cyclables, etc. ; la rénovation du terminal de bus ; la mise en service de rickshaws électriques ;
  • le développement de parcs, zones récréatives, etc. ; le rafraîchissement du jardin botanique ;
  • le développement des services municipaux en ligne ; la constitution de réseaux sociaux d'échanges entre les citoyens sur tout projet concernant la cité ;
  • la mise en place d'un corridor propre allant du centre ville à la mer avec l'assainissement de la zone du canal, la création de deux stations d'épuration avec purification de l'eau par oxygénation et redistribution de celle ci aux entreprises et aux agriculteurs ;
  • la réhabilitation du patrimoine de la ville : monuments, traces de l'ancien comptoirs français, etc. ;
  • ...
Certaines de ces tâches sont en cours. Rues et trottoirs défoncés, armée d'ouvriers travaillant sous le soleil, tas de sable et de graviers à tous les coins de rues. Câbles sortant d'une multitude de profonds trous dans la rue Nehru, ... La circulation n'est certes pas toujours facile pour le piéton mais on voit vraiment se dessiner une vraie amélioration de la vie au cœur de la ville. Il n'y a qu'à espérer que débordement de magasins et échoppes improvisées sur le trottoir ne vont pas à nouveau freiner les flux des chalands ... Quoique ! Cette vie foisonnante fait aussi partie du charme de ce pays.

 

Les bâtiments historiques se réhabilitent dans la ville blanche. Le bâtiment des douanes est devenu blanc éclatant ; il est prévu que pareil rajeunissement atteigne le vieux phare. l'ancien hôtel de ville tombé d'épuisement est en reconstruction presque à l'identique ; le tribunal d'appel est pratiquement achevé ; Sainte Marie des Anges éclate de ses peintures fraîches et l'ancien hôtel d'Europe (1891) se relooke tout de blanc. Des hôtels prennent place dans d'anciennes demeures. Des particuliers ont rajeuni leurs maisons traditionnelles cachées derrière des murs blancs et jaune d'où s'échappent des bougainvilliers multicolores. Des zones de parking sont définies et presque respectées ...



Enfin, la ville de Pondichéry est intégrée au programme national Clean India Mission (Swachh Bharat Mission), lancé par le gouvernement indien en 2014. Ce programme porte sur l'assainissement en Inde. Un des objectifs est la gestion des ordures (collecte, tri, traitement). En effet, si, jusqu'à quelques dizaines d'années, les ordures étaient majoritairement d'origine végétales et peu ou prou biodégradables, l'utilisation croissante d'objets en plastique (sacs, boîtes, etc.), de déchets liés à une forte augmentation des voitures, motos et scooters (huiles, résidus, etc.) , des appareils électroniques (écrans, circuits, etc.) a rapidement constitué de gigantesques poubelles qui jonchent les abords, voire  l'intérieur, des villes et villages.

Pondichéry depuis quelques années a pris le problème en main et le centre ville devient de plus en plus propre. Des brigades de balayeuses sillonnent la ville blanche, les bouteille en plastique sont collectée pour être recyclées, des poubelles font leur apparition avenue Goubert, des stands du marché ont été assainis, ...





Un autre est l'incitation à utiliser des toilettes, beaucoup d'indiens ayant la fâcheuse habitude de se soulager sur la plage, en bordure de rivière ou à la proximité des habitations, que ce soit à la campagne ou en ville. Cette habitude qui est un facteur important de propagation des épidémies est difficile à éradiquer. Un grand programme au niveau indien est lancé pour la construction de 95 millions de toilettes publiques, construction qui doit être terminée en octobre 2019 pour le 150ème anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi ; ses célèbres lunettes figurent d'ailleurs sur le logo du programme. Il inclut aussi une grande campagne d'information dans tout le pays, avec, entre autres, la mobilisation d'étudiants, de personnalités politiques, d'acteurs, de sportifs, de journalistes de télévision. À Pondichéry, des affiches explicites égayent les murs de la cité.






La ville de Pondichéry consacre à la mise en place du projet Clean India Mission un budget d'environ 3,75 millions d'euros. Cette modernisation de la cité ne fait pas toujours l'unanimité auprès de ses habitants. Ils trouvent que le projet met un accent trop important sur l'attractivité touristique de la ville et craignent qu'elle ne perde de son charme. Il est vrai que la ville blanche ne comporte quasiment plus de magasins d'alimentations, que les boutiques de luxe à destination de touristes aisés y pullulent et que les hôtels de tous genres y fleurissent repoussant les anciens habitants au-delà du canal. La ville est belle et son patrimoine architectural est unique. La municipalité doit trouver un juste équilibre entre valoriser ce patrimoine et garder l'âme de Pondichéry.



Françoise Simonot-Lion et Matthieu de Lamarzelle

jeudi 14 février 2019

Février 2019 - notre première visite à l'orphelinat

Il y a une semaine, nous quittions une France glaciale pour tomber dans la chaleur humide de l'Inde du Sud (25 degrés à minuit).

Nous rendons rapidement visite à Alice qui, ce jour là, nous a semblé particulièrement démoralisée. En effet, depuis plusieurs semaines, les inspections mandatées par le gouvernement de Delhi déferlent sur les ùùaisons gérées par notre partenaire en Inde
Alice doit faire face à une succession de technocrates du nord de l'Inde qui n'ont que peu de connaissance de la situation réelle des enfants ainsi que de la gestion d'un tel établissement.
Facteur aggravant, Alice est chrétienne dans un pays dont une personnalité politique a dit récemment que tout indien devait être hindou. Et ce, même si l'orphelinat n'est pas un établissement confessionnel où les hindous, les musulmans et les chrétiens partagent ce lieu. De plus, comme toutes les ONG situées en Inde, l'état indien est conscient qu'une part importante de leur budget est assuré par l'étranger.
Même si on peut comprendre que des vérifications sur la bonne gestion, de saines pratiques d'hygiène et le souci d'une bonne éducation et du bien-être des petits soient mises en place dans les structures accueillant des enfants, ces multiples inspections sont vécues ici comme du harcèlement. Les remarques qui ont été faites à notre partrenaire laissent pantois. Un des inspecteurs a, par exemple, soutenu que, en rentrant de l'école, les enfants devaient jouer pendant deux heures, puis regarder la télévision pendant une heure, et seulement après faire leur devoirs ! Tout ça porterait la douche à 20h30, le repas au mieux à 21h et le coucher à 22h  au lieu de 20h comme actuellement. Dans le même ordre d'idée, il faudrait une visite médicale par enfant tous les 15 jours. Pas très facile à mettre en œuvre pour 300 gamins et sans intérêt pour des enfants au-delà de 5 ans, dès qu'ils paraissent en bonne santé.
En bref, Alice est lasse de recevoir jusqu'à deux inspecteurs par semaine et de passer des journées à justifier son action plutôt qu'à s'occuper concrètement des enfants.

Heureusement, cette semaine est faste. Pas de visites impromptues téléportées depuis la capitale. Alice a enfin du temps pour les enfants ... et pour nous.

C'est ainsi que mercredi vers 16h, nous avons réuni des hôtes français et canadiens de la guesthouse où nous logeons et sommes partis visiter les trois foyers avec Alice et Maran.
Première étape à la maison des garçons où Alice a raconté l'aventure de l'orphelinat depuis son tout début.







Ensuite, ce fut le traditionnel circuit dans le réfectoire, les dortoirs, l'atelier où les garçons s'initient au travail du bois, à l’électricité, ... Les visiteurs admirent la propreté et l'ordre qui règnent dans toutes les pièces et dans la cour.
Enfin, nous découvrons la pâtisserie tout nouvellement terminée. Nous repartons avec des confitures élaborées sous la direction de trois françaises venues en janvier à Pondichéry. Celles-ci ont rédigé, pour les enfants, un magnifique livre de recettes de gâteaux qui prélude à de savoureux goûters. Le livre, tel une précieuse Bible, est soigneusement gardé sous clé ...




Les petits qui rentrent de l'école entourent Genny et Alice. Genny est émerveillée par leurs sourires et leur joie de vivre.





La séance, chez les garçons, se termine par un show improvisé de la chorale des petits. À leur regard concentré, on sent tous les efforts que leur a coûté la mémorisation des trois chansons dont ils nous ont fait profiter.




Mais la nuit tombe vite et il est temps de partir chez les filles à Palayam. Lorsque nous arrivons, les filles sont sérieusement penchées sur leurs devoirs car un examen blanc doit avoir lieu bientôt. Nous sinuons entre les filles sans les déranger pour atteindre la cour où mangent déjà les plus jeunes. Alice nous présentent  les jeunes filles qui sont entrées à l'université ainsi que celles qui sont en pré-université. Nous ne nous attardons pas pour ne pas troubler cette atmosphère studieuse et regagnons Pondichéry.




Au terme de ce circuit, nos visiteurs n'ont pas tari d'éloges sur ce qu'ils avaient vu : des maisons propres et bien gérées, des enfants heureux, une ambiance sereine et un projet d'avenir pour tous ces jeunes. Ils ont fait de très généreux dons. Mais plus important, ils se sont engagés à apporter leur soutien à notre partenaire dès leur retour chez eux.

Ce matin, au petit-déjeuner de la guesthouse, les conversations bruissaient encore du souvenir des enfants.


Françoise Lion-Simonot et Matthieu de Lamarzelle (et pour les photos des filles Nicole Paul)