Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

mardi 7 mars 2023

Le Silambam fait des émules chez les filles de l'orphelinat

Déjà à l'été 2022, lors de notre arrivée dans la maison des filles, les jeux des petites et les bavardages des grandes qui animent d'ordinaire la cour avaient fait place à un étrange spectacle. Des filles coachées par un professeur faisaient virevolter un grand bâton en cadence. 



En fait, ces filles s'entrainaient au Silambam. 

Il s'agit d'un forme art martial indiens originaire de l'Inde du sud. Elle se pratique en particulier au Tamil Nadu et à Pondichéry. La forme de cet art du combat existe depuis le 4ème siècle avant JC et est reconnue comme un élément de la culture dravidienne. L'une des 5 grandes épopées de la littérature tamoule ancienne, le Silappadikaram mentionne déjà le Silambam. Ce texte qui a été daté du 1er siècle de notre ère intégrait des contes et récits transmis oralement par des bardes tamoules.

Le nom Silambam viendrait de silam, la montagne et bam, un type particulier de bambou. Les mouvements de combat se font généralement avec un long bâton en bambou. 

Quelle est l'origine de cette discipline. Comme toujours en Inde, il faut la trouver au croisement de l'histoire et de récits légendaires attachés à l'hindouisme. Les premiers préceptes du Silambam auraient été définis par le sage Agastya, un brahmane tamoul, auteur de plusieurs chants des Rigveda, ensemble d'hymnes sacrés. 

Statue de Agastya provenant de l'état du Bihar (Los Angeles County Museum of Art)
 

Celui-ci se rendait à Vellimalai dans l'extrême sud de l'Inde. Sur sa route, il rencontra un vieil homme qui lui aurait enseigné les principes d'un art de la concentration et de la maitrise de soi comme éléments de théories de combat. Ce vieil homme aurait été en fait le seigneur Murugan, dieu de l'armée divine, fils du dieu Shiva et de la déesse Parvati. Ce dieu est très populaire en Inde du Sud et de nombreux temples lui sont dédiés. Après sa rencontre avec Murugan, Agastrya a rédigé les premiers principes qui seront la base du Silambam.

Temple de Murugan - Pondichéry
 

Cette technique de combat apparaît dans les cours royales tamoules. Les armées des petits royaumes de l'Inde du sud (les Palayakkarars ou Polygars comme les désiganaient les anglais) intégraient  un corps de "Silambam".  Ils s'appuyèrent sur ces combattants dans les premières luttes pour l'indépendance de l'Inde contre la domination britannique Les guerres de Polygar étaient une série de guerres menées par une coalition de Palaiyakkarar contre les Britanniques entre 1798 et 1805 (guerres des Polygars). La pratique du Silambam a été interdite par les britanniques. Elle a été à nouveau autorisée après l’indépendance de l’Inde, en 1947.

Ce sport associe maîtrise de soi, force et fluidité des mouvements. Torsion du poignet, mouvements des bras, place des pieds, tout est codifié. Hommes et femmes peuvent le pratiquer.
Une fille de la maison de Palayam

Et depuis plusieurs années, cet art martial est devenu incontournable chez les jeunes au Tamil Nadu. Il se pratique dans les écoles. Les publicités d'ateliers de Silambam fleurissent dans la presse.

Acteurs et actrices du cinéma indien ne sont pas en reste pour montrer leur virtuosité dans ce sport ... ainsi que nous le prouve la belle Malavika Mohana dans la vidéo que vous pouvez voir ici.

Et le 13 février, alors que nous nous promenions en fin d'après-midi sur l'avenue Goubert, nous avons assisté à un spectacle étonnant. 1250 enfants, provenant de 3 écoles de Pondichéry, tous munis d'un bâton de bambou et vêtus de T-shirts jaunes étaient rigoureusement alignés sur la route.


Compétition de Silambam - Pondichéry (photos extraites du Petit Journal de Chennai - 15/2/2023)  
 

Pendant plus de 30 minutes, les enfants ont fait virevolter leur badine en cadence et cette performance leur a permis d'intégrer le Cholan book of world records.

 

Mais revenons à Palayam, dans la maison des filles et laissons-nous enchanter par le ballet élégant que l'une d'elle nous a offert lors d'un agréable après-midi de février.


Françoise

Les photos de la compétition de Silembam à Pondichéry sont extraites d'un article de Anaïs Pourtau paru dans le Petit Journal de Chennai le 15/2/2023.  La dernière vidéo a été prise par Clive Southey lorsque nous visitions la maison des filles.