C'est la fin des moissons dans le sud de l'Inde fêtée comme tous les ans par Pongal (voir l'article paru en 2021 "Dans l'Inde du Sud on fâte Pongal" sur ce blog). Comme tous les ans, des messages déferlent sur nos smartphones.
C'est d'abord de Salem au coeur du Tamil Nadu que nous parvient une belle image de kolam (dessin sur le sol à l'entrée des maisons) ouvre le bal.
Puis, c'est au tour d'Aroul, notre fournisseur de textiles du marché de Pondichéry, de nous faire rêver avec le rite de la cuisson du riz au lait ... Il en profite, d'ailleurs, pour se faire un peu de publicité.
Mais cette vidéo reçue au deuxième jour des festivités est certainement la plus charmante. Quand Léonard de Vinci rejoint les traditions indiennes millénaires ... ça laisse rêveur.
L'origine de la fête de Pongal n'est pas propre à une religion même si l'hindouisme y a mis fortement son empreinte. C'est un rite essentiellement lié au cycle des saisons et des récoltes. Mais en Inde, peut-on réellement s'affranchir d'une religion ? C'est ainsi que dans ce pays, chaque communauté religieuse va intégrer Pongal à ses propres croyances et rites.
L'année dernière les fêtes se sont déroulées modestement en raison de la pandémie de Covid-19. En 2022, la situation sanitaire est plus favorable et au Tamil Nadu, comme à Pondichéry, les manifestations de Pongal ont été autorisées. Des jauges ont été établies pour limiter le nombre de participants lors des événements publics, des conseils ont été donnés à la population et la police a largement été déployées dans les villes pour assurer le respect des consignes.
Le 13 février, dans les jardins de sa résidence (Raj Nivas), la Lieutenant Gouverneur recevaient les membres du gouvernement ainsi que les leaders de l'opposition.
La fête dure quatre jours. Elle marque le début d'un nouveau cycle dans le calendrier tamoul. Aussi, au premier jour, on brule ses vieux vêtements. Ce jour-là, les hindous célèbrent Indra, le dieu des pluies. Le lendemain, jour où le soleil entre dans la constellation du Capricorne, est dédié au dieu hindou Surya. Tôt le matin, on cuit alors riz au lait. Attention il faut que le mélange de riz, de lait et de sucre déborde abondamment et plusieurs fois (Pongal = déborder en tamoul) et on partage un repas avec les dieux, la famille et les amis. Auparavant, maisons et étables sont nettoyées, repeintes, décorées de Kolams. Les portes sont encadrées de feuilles de bananier.Le troisième jour est dédié aux vaches et taureaux. Les animaux sont décorés de guirlandes de fleurs, leurs cornes sont peintes. On leur offre un repas spécial et des bananes. Mais le clou de la journée est Jalikattu, une sorte de corrida, sans mise à mort du taureau. Les taureaux sont lâchés. L'enjeu pour un participant consiste à s'accrocher à la bosse du taureau le plus longtemps possible et à tenter d'arrêter l'animal. Il semble que le domptage de taureau soit une pratique très ancienne dans le sud de l'Inde. En effet, des fresques rupestres, datant probablement d'avant notre ère, ont été trouvée dans le Tamil Nadu (mentioné par l'historien de l'art et archéologue K.T. Gandhirajan).
Extrait de The Hindu "Bull-taming in Tamil Nadu’s ancient rock art" (19/01/2017) |
Ces courses se déroulent dans tout l'état mais celles organisées dans la région de Madurai sont les plus prisées. En particulier, le Jalikattu de Alanganallur rassemble une grande foule. Cette année, le confinement imposé durant le week-end dans tout l'état a décalé la manifestation, prévue le dimanche 16 janvier, au jour suivant. En regardant cette vidéo, vous allez vibrer au rythme des taureaux déchainés et des prouesses des vaillants "cow-boys". Il faut noter que les défenseurs des animaux s'opposent à cette pratique tandis que dans tout le Tamil Nadu, on revendique bien haut cette tradition. La saison de Pongal fait chaque année la place à d'animées controverses dans la presse.
Crédit photo : The Wire |
Lors du dernier jour de Pongal, on se réunit en famille ou avec des amis.
Bien entendu, à l'orphelinat, on fête Pongal. Cette année, tous les enfants étaient réunis dans la maison des garçons.
Dès 9 heures du matin, les voitures de l'orphelinat déversaient les filles de Palayam et les petits gitans Narikuravars. Le festival a démarré à 10 h 30 et s'est terminé vers 3 h 30 de l'après-midi après une photo emblématique des 300 enfants et des 47 membres du personnel.
De nombreux stands étaient répartis dans la cour. Comme à une fête foraine on pouvait jouer à la lotterie, au bowling, au lancer d'anneaux, au lancer de flêchettes, etc.
D'autres étals proposaient des sucreries, des boissons, du pop-corn, des beignets, de la crème glacée, des salades de fruits, des samosas, ...
Et le clou des animations étaient les stands de peintures sur corps et visages ... Où l'on peut découvrir les talents artistiques de Maran ...
Les enfants ne sont pas en reste pour se faire une frimousse colorée.
Et même Alice se laisse tenter par 3 coccinelles sur la joue.
Pour accéder à ces stands et s'offrir, jeux, boissons, nourriture, ... chaque enfant s'était vu remettre 3000 roupies en billets de Monopoly. Choisir et comment dépenser son argent a été une bonne expérience pour eux.
Alice nous dit "The air was filled with joy, fun and folic ...it was like a village festival" ("L'air était rempli de joie, de rires et de fantaisies ... c'était comme une fête de village").
Alice et Maran |
Le dernier jour, le riz au lait a été préparé dans chacun des foyers. Les garçons de Nonankuppam ont respecté la tradition scrupuleusement.
Décoration de la cour avec des feuillages (et un Père Noël oublié sur un mur)
Réalisation des Kolams (en principe, dessinés par des femmes)
Et enfin, préparation du riz au lait.
Happy Pongal Alice !
Françoise Simonot-Lion (et Alice Thomas)