Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

vendredi 29 décembre 2023

Le Père Noël en visite à l'orphelinat

Noël est largement célébré dans toute l'Inde alors que seule 2,3 % de la population du pays est chrétienne. Pondichéry n'échappe pas à l'effervescence de la fête d'autant que dans cet ancien comptoir français les chrétiens représentent 11 % des habitants.

Les grandes rues commerçantes se parent de décorations colorées.

The Hindu (20 décembre 2023)
 

Des repas et spectacles spéciaux sont organisés pour l'occasion.

www.pondylive.com (23 décembre 2023)

L'Alliance Française organise son traditionnel Marché de Noël.


 Et le 25 décembre, il y a foule à la messe de minuit célébrée devant la cathédrale de l'Immaculée Conception sur Mission Street.

The Hindu (25 décembre 2023)

Et bien sûr, c'est la fête à l'orphelinat.

À Apres Home, un calme inhabituel règne dans le foyer ! Les petits gitans qui y résident sont sagement assis dans la grande salle. Pas un bruit, pas un geste, ils attendent ... 


Nous sommes le 25 décembre 2023 ... Chut ! Quelqu'un vient ! Et apparait alors non pas un mais deux Pères Noël aux pieds nus.

La fête peut commencer par une distribution de cadeaux qui visiblement réjouit les enfants.

Allons maintenant dans la maison des filles où des spectacles ont été organisés : danse, petits discours, chants, ...


Les petites posent dans leurs belles robes couleur de neige.

Toutes posent avec le personnel de la maison qui toute l'année leur assure la sécurité d'un foyer heureux et une éducation sérieuse.

... de beaux visages blancs ...

 ... les charmants sourires sous le bonnet rouge ...

... et une abondance de Pères Noël sous le regard d'Alice.

 Alice et Françoise









jeudi 14 décembre 2023

Les enfants rendent hommage à un grand poète tamoul

 Dans le dernier article posté sur ce blog (un rendez-vous annuel, publié le 13 décembre 2023), nous pouvons voir sur une des photos une affiche représentant un visage moustachu et coiffé d'un turban.


Il s'agit d'un portrait réalisée par les filles de Subramanian Bharathiyar, grand poète tamoul du début du vingtième siècle.

Le 12 décembre est l'anniversaire de sa naissance. Il est né dans une famille de brahmane le 12 décembre 1882 à Ettayapuram, petite ville du sud de l'Inde dans l'état du Tamil Nadu. Son nom de naissance est Subramanian.

Maison de naissance de Bharathiyar à Ettayapuram (site de l'office du tourisme du Tamil Nadu)

Très tôt le jeune Subramanian s'intéresse à la musique et la littérature. À 11 ans, il participe à un concours à la cour du Maharaja de Ettayapuram. Reconnaissant les dons du jeune garçon, le Maharaja lui décerne le titre de Bharathi qui signifie "béni par Saraswati, la déesse de la connaissance". Il est dès lors connu sous le nom de Subramanian Bharathiyar.

Un séjour en Inde du Nord lui permet de s'imprégner de spiritualité et de s'engager pour l'indépendance de l'Inde. Durant cette période, il perfectionne sa connaissance de l'anglais et qu'il apprend le sanscrit et l'hindi.

C'est également à cette époque qu'il peaufine son image : moustaches en guidon complétées par un turban en référence aux sikhs, communauté qu'il admire. 

En 1901, à l'âge de 19 ans, il est nommé poète à la cour du Maharaja de Ettayapuram. Il sera le pionnier de la littérature moderne tamoule. Outre la poèsie, il est l'auteur de nombreux chants bien connus dans l'Inde du Sud. Vous poouvez vous laisser charmer par ce chant composé par Bharathiyar : Vellai Thamarai (le lotus blanc) une de ses oeuvres interprétée par la chanteuse Bombay Jayashri.

Subramanian Bharathiyar a également été journaliste. Il a participé à plusieurs journaux de langue hindi, tamoule ou anglaise. Ardent défenseur de l'indépendance de l'Inde, partisan de la lutte armée contre les britanniques, il s'est aussi fait l'avocat de la transformation de la société. Il s'est notamment opposé au système de castes ainsi que le montrent ces vers :

" Il n'y a pas de système de castes.
C'est un péché de diviser les gens sur la base des castes.
Ceux qui appartiennent vraiment à une classe supérieure
sont ceux qui excellent en étant justes, intelligents, instruits et aimants. "

Il a pris fermement position pour l'émancipation des femmes et contre le mariage des enfants. Il fut même rédacteur en chef de la revue mensuelle féministe Chakravartini).

Portail Mondial des Revues (https://sismo.inha.fr/s/fr/journal/252550)  

Poursuivi par la police britannique, il a trouvé refuge à Pondichéry où il a résidé de 1908 à 1918 et a poursuivi ses travaux de journalistes, poète et écrivain tout en apprenant la langue française. Un mémorial lui est dédié à Pondichéry (Mahakavi Bharathiyar Museum).

Il quitte le comptoir français en novembre 2018 et est aussitôt arrété et emprisonné 3 semaines par les anglais à Cuddalore. À la suite de cet emprisonnement, sa santé se dégrade. Il a l'opportunité de rencontrer le Mahatma Gandhi en 2019. Bharathiyar est décédé à Chennai le 11 septembre 1921 dans une extrême pauvreté. Seuls 14 personnes assisteront aux funérailles du plus grand poète tamoul contemporain.

Dans la maison des filles, le 13 décembre 2023, on rend hommage à Subramanian Bharathiyar. Poèmes, et chansons sont interprétées par les pensionnaires qui vont incarner de façon charmante le grand poète en se dessinant de superbes moustaches en guidon.


 

Et l'une d'entre elle est devenue par la magie du maquillage et des vêtements, une copie conforme de Bharathiyar : turban blanc, moustache en guidon et yeux perçants.



 

Et nos jeunes filles insistent bien sur le turban blanc et non couleur safran (couleur du parti au pouvoir en Inde en 2023) comme les nouveaux manuels scolaires de Standard XII (équivalent classe de terminale en France) le montrent actuellement.

Françoise

Références : 

  • On trouve des informations assez complètes sur le poète dans l'article Subramania Bharti de Wikipedia (en anglais) ; la page Wikipedia en français est moins détaillée.
  • Celles-ci sont reprises en partie sur la page Subramania Bharathi poète éternel du site Évolumière (en français).
  • L'article Knowing Subramania Bharati beyond his turban colour paru le 6 juin 2019 sur  Telegraph on Line parle de la safranisation du turban du poète.
  • Enfin, quelques poèmes de Bharathiyar figurent sur la page Subramanya Bharathi Poems du site poemhunter.com (en anglais)



mercredi 13 décembre 2023

Un rendez-vous annuel

La santé des enfants, les soins et l'hygiène de vie sont des préoccupations premières à l'orphelinat. Plus que tout, un accent est mis sur la prévention. De nombreuses conférences sont organisées pour sensibiliser les jeunes aux problématiques de santé. Elles prennent place tout au long de l'année et durant les camps d'été organisés pendant les vacances scolaires.

Conférence sur les gestes de premier secours (camp d'été 2023 à la maison des filles)

 

Des journées instituées au niveau national ou international sont également l'occasion pour les enfants d'être sensibilisés aux enjeux de santé publique.

 

Journée de lutte contre la tuberculose (mars 2022 à la maison des filles)

En cette fin d'année, un Dental Camp a été aménagé. Comme tous les ans, des membres d'un institut dentaire dépendant de l'Université de Pondichéry se sont déplacés avec tout le matériel nécessaire dans les maisons des enfants : contrôle de l'état des dents, soins le cas échéant et conférences sur l'hygiène bucco-dentaire. 



Cette année, c'est le département de santé publique bucco-dentaire de l'Indira Gandhi Institute of Dental Sciences (un institut de l'hôpital Sri Balaji Vidyapeeth) qui est intervenu dans la maison des filles.

Si l'affiche du programme de soins est quelque peu inquiétante pour des enfants (4 mains manipulant deux instruments de torture dans la bouche d'un patient !), les filles sur la photo semblent ravies de l'intervention de toute cette équipe souriante.

Notons que, en complément de ces soins d'hygiène de base, depuis plusieurs années, Alice a négocié auprès d'un orthodontiste la pose et le suivi d'appareils dentaires pour les filles qui nécessitent une correction de leur dentition.

Et pour finir, de beaux sourires ...

 

Françoise


 

vendredi 24 novembre 2023

Que deviennent-ils ?

Dans nos articles, nous vous parlons souvent de la vie à l'orphelinat. mais les enfants n'y restent pas toute leur vie. Garçons et filles y sont hébergés jusqu'à leur majorité. Parfois, avant leurs 18 ans, ils repartent vivre dans leur famille sous la garantie qu'ils y retrouveront un environnement sûr et qu'ils continueront à recevoir une éducation solide. Dans ce cas, Alice, la Directrice de l'orphelinat, les suit pendant un minimum de trois ans.

À partir de 18 ans, ils peuvent quitter les foyers. Mais ce n'est pas toujours possible ni souhaitable pour eux. Aussi, afin qu'ils puissent continuer à bénéficier d'un milieu serein et protégé, deux auberges de jeunesse ont été construites : la première existe depuis plusieurs années à proximité de la maison des garçons et héberge les garçons majeurs qui font des études ainsi que ceux qui ont commencé à travailler et souhaitent rester tant qu'ils ne sont pas mariés ; la deuxième maison qui vient juste d'être terminée à Palayam reçoit les filles majeures qui poursuivent leurs études.

Que deviennent les jeunes lorsqu'ils quittent le foyer ? On en rencontre certains chez Alice ou lors de fêtes organisées à l'orphelinat. Ils arrivent alors avec épouses et enfants et souvent sont même à l'initiative de la fête. Ainsi un jour où nous étions à Pondichéry (février 2014), nous avons assisté à une grande fête pour l'anniversaire d'Alice, fête entièrement organisée par les "anciens".

Alice et Maran sous la pluie de confettis

Un beau gâteau d'anniversaire

Et souvent ce sont des nouvelles de démarrage d'une vie de famille qui nous parviennent.

Ainsi, à la fin de l'été, nous apprenions les fiançailles de Tamilarasi, jeune pensionnaire de l'orphelinat qui a étudié la couture.

En rouge, la jeune Tamilarasi au coté de Johnson son fiancé

La pose du Poo Kattuthal (guirlande fleurs) indispensable à toute cérémonie

Et le 19 novembre, c'était le grand jour : le mariage ! La fête a eu lieu dans la maison des filles a Palayam au milieu des pensionnaires, du personnel des foyers, de la famille du marié et, bien sûr d'Alice et Maran.





En septembre, c'est un ancien pensionnaire de la maison des garçons, Balaji, qui s'est fiancée avec la jeune Fiona. La fête a eu lieu à Coimbatore, grande ville du Tamil Nadu connue pour son importante industrie textile. Alice et Maran se sont bien sûr déplacés pour accompagner Balaji lors de cette cérémonie.

Balaji travaille actuellement à IDP Education, une société qui notamment réalise les tests IELTS (International English Language Testing System) d'anglais dans le monde entier.




Fin septembre, ce sont 4 jeunes filles qui ont quitté le foyer, toutes diplômées infirmières après quatre ans d'études suivies d'un stage de 6 mois et la rédaction d'un rapport final. Le diplôme est un Bachelor of Science/Nursing. Elles ont donc un niveau de licence. Les 4 filles sont retournées dans leurs familles (souvent chez leur mère) en attendant d'être enregistrées sur une liste officielle gérée par l'Indian Nursing Council (INC). Elles ne pourront candidater sur des postes que lorsqu'elles seront inscrites sur la liste et auront ainsi obtenues leur identification professionnelle fournie par l'INC. 

Les études d'infirmières reviennent à environ 4500 € pour 4,5 ans. À l'issue de ces études, une infirmière diplômée travaillant dans une clinique peut espérer un salaire moyen initial d'environ 300 € par mois (le salaire moyen d'un diplômé de licence est en Inde d'environ 240 € par mois). Ce salaire, suivant l'ancienneté, l'expérience, les missions confiées peut atteindre 750 €. 

M. Hamawathy, Jothi Lakshmi , S. Malarvizhi, R. Gomathi après leur diplôme de B. Sc Nursing

Enfin, la dernière belle histoire qui nous est parvenue est celle de Sangeetha. En juin 2023, Alice nous envoie les résultats des filles en fin de standard 10 (équivalent de la classe de seconde en France). L'examen final donne, si le score obtenu est suffisant, accès aux classes Higher Secondary (standard 11 et 12 - équivalent des classes de première et terminale en France). Sangeetha obtient un score plus qu'honorable de 332 points sur 500, lui offrant ainsi la possibilité d'entrer en standard 11. Or nous ne la retrouvons pas dans la liste des filles de l'orphelinat inscrites dans cette classe pour l'année scolaire 2023-2024. 

En fait, Sangeetha est issue de la tribu des Irulas (chasseurs de serpents). Nous vous avions déjà parlé de cette tribu dans un article paru en décembre 2020 sur ce blog. Sangeetha est la sœur des deux filles évoquées dans l''article paru en 2020, Malliga et Priya, qui étaient pensionnaires de l'orphelinat. C'étaient les premières filles de leur communauté à faire des études supérieures. Malliga est sortie diplômée de Master d'informatique de l'Université de Pondichéry en 2022 tandis que la même année Priya obtenait le diplôme de licence de commerce. Ces deux filles sont retournées dans leur tribu. Elles travaillent toutes les deux et ont décidé de prendre en charge leur petite sœur Sangeetha pendant la durée de ses études. Une belle illustration des vertus de l'éducation pour se projeter dans l'avenir et assumer des responsabilités. 

Françoise et Alice



lundi 9 octobre 2023

Le lieu de vie pour les plus grandes va bientôt ouvrir

Les jeunes filles de plus de 18 ans vont enfin disposer d'un foyer pour les accueillir. 

En effet, pour se mettre en conformité avec la loi indienne qui stipule que les seuls adultes autorisés à résider dans un foyer d'enfants sont les encadrants employés par ce foyer, la direction de l'orphelinat a du retirer les jeunes filles majeures du foyer des filles à Palayam. Ceci touche chaque année de 10 à 15  pensionnaires qui poursuivent leurs études (licence, formation professionnelle, master).

Durant les deux dernières années, la directrice a loué un appartement près de sa maison afin que ces jeunes filles puissent continuer à bénéficier de la protection de l'orphelinat tout en leur permettant de poursuivre leurs études. Il est rapidement apparu que devait être recherchée une solution moins coûteuse, qui allège l'organisation des foyers en centralisant la distribution des repas et optimisant les transports des filles de et vers leurs lieux d'études. De plus, pendant ces deux années, les filles ont du changer plusieurs fois d'appartement. Il s'agissait donc de trouver une solution pérenne et efficace.

La direction de l'orphelinat a pris la décision d'utiliser un local au-dessus de la salle informatique de la maison des filles. Il était prévu d'y installer un atelier de céramique. Or cet emplacement réunissait toutes les conditions requises par la loi : dans un bâtiment séparé de la maison des filles mais suffisamment proche pour alléger les problèmes d'intendance ; une entrée différenciée depuis l'extérieur ; une dalle, un escalier conduisant à cet étage et des embryons de murs déjà réalisés.

 

Néanmoins, de gros travaux devaient être entrepris pour rendre ce lieu habitable par ces jeunes étudiantes. Le projet a pris rapidement tournure. Cet étage devait abriter un dortoir pour loger entre 10 et 15 jeunes filles et une chambre pour une surveillante. Au-dessus, un toit terrasse devait accueillir des sanitaires ainsi qu'une petite cuisine suffisante pour faire un thé et réchauffer des plats. C'est également sur le toit que se situerait un espace où les jeunes filles pourraient se réunir et prendre leur repas. Aussi, le parapet de la terrasse devait être suffisamment haut pour préserver leur intimité et il a été prévu de le couvrir d'un toit léger.

En début d'année, les murs du dortoir étaient terminés ainsi que la dalle de la terrasse ; l'escalier conduisant à la terrasse avait été construit et les murs intérieurs et le parapet sur la terrasse avaient été montés.

Cloison dans le dortoir

 
Escalier menant à la terrasse

Dalle et parapet de la terrasse

Après les grosses chaleurs de mai et juin, les travaux ont pu reprendre. Le revêtement extérieur et la peinture intérieure du dortoir ont été faits ainsi que la pose des carrelages, l'installation des portes et fenêtres et les travaux d’électricité.

Façade extérieure (on remarque les pare-soleil au-dessus des fenêtres du dortoir)




Il reste quelques couches de peinture à donner, luminaires et ventilateurs à poser et le déménagement des filles à organiser. Les plus gros travaux qui sont en cours actuellement concernent la plomberie et la fin d'aménagement du toit. 

 


Emplacement des sanitaires
 

Ce sera chose faite très rapidement et les jeunes filles vont s'installer dans un endroit charmant et pratique pour étudier en toute tranquillité (n'oublions pas que dans le même bâtiment elles ont accès à la salle informatique et à une salle de couture, toutes deux bien équipées.)

Cette année scolaire, onze jeunes filles font des études de niveau licence ou master. De plus, quatre autres filles vont bientôt, après 4,5 ans d'études, être infirmières diplômées. 

Par ailleurs 7 filles, mineures, sont inscrites au lycée dont 2 bénéficient d'un aménagement de scolarité spécial en raison de handicap.

Alice et Françoise