Pour un pays de près de 1 milliard 300 millions d'habitants, l'Inde affiche une contamination par le Covid-19 assez faible. En date du 19 juin 2020, 386 000 cas avaient été détectés dont 156 000 encore actifs. Un peu moins de 14 000 malades ont été déclarés décédés suite à une atteinte du Coronavirus.
Ce faible score peut s'expliquer par la jeunesse de la population. 65 % des indiens ont moins de 35 ans et ne constitue pas une population à risque. Une deuxième hypothèse faisait état de la fragilité du virus face à une forte température. Or mai et juin sont les mois les plus chauds en Inde avec des températures qui peuvent atteindre fréquemment 35° dans la journée.
Ceci ne suffit néanmoins pas à expliquer la faiblesse des statistiques officielles journalières et on assiste d'ailleurs depuis le début juin et les phases de déconfinement progressives du pays à une envolée du nombre de personnes atteintes. 12 000 cas ont été détectés journellement depuis la fin de la semaine dernière. Le nombre de décès officiellement annoncé est actuellement de 300 à 400 par jour.
En fait, de l'avis même d'experts médicaux indiens, les statistiques officielles ne révèlent que partiellement la réalité. Peu de tests, par rapport à la taille de la population ont été réalisés. Dans les campagnes où résident 70% de la population, les indiens meurent à domicile et sont brulés ou enterrés immédiatement, la cause de leur décès n'étant pas enregistrée. De plus, les travailleurs migrants qui, dès le début du confinement ont tenté massivement de quitter les grandes villes où ils ne pouvaient plus gagner leur vie, pour gagner leurs villages dans des conditions parfois terribles. Ils ont largement contribué à la diffusion de la pandémie jusque dans des campagnes où les moyens de précautions n'étaient pas toujours assimilées et où les possibilités de tests et de soins n'étaient pas suffisantes.
Enfin, le système de santé indien n'a pas depuis quelques années reçu un soutien suffisant de l'état (1% du PIB est consacré à la santé). Les hôpitaux ne peuvent plus faire face au flux de malades. Dans son article paru dans le journal Le Monde du 15 juin 2020 (Coronavirus : en Inde, au Pakistan, au Bangladesh... l’épidémie repart après le déconfinement), Guillaume Delacroix écrit "Dans les villes de Delhi, Bombay, Calcutta et Chennai, qui comptent à elles quatre près de la moitié des malades et des morts du Covid-19 de toute l’Inde, les gens font la queue devant les hôpitaux et des familles ont évoqué des cas de malades mourant dans l’attente d’être pris en charge. Les témoignages se multiplient de patients des bidonvilles refoulés par les établissements publics et qui se voient réclamer jusqu’à 1,25 million de roupies (14 600 euros) pour être soignés dans une clinique privée, d’après la Haute Cour de Bombay."
Pour avoir une idée de la situation désespérée des familles devant un système médical au bord de l'explosion, vous pouvez lire l'article poignant paru dans The Guardian le 12 juin 2020 (India's coronavirus agony: 'I did everything to save my wife and baby' )
La situation à Pondichéry devient inquiétante. Depuis le 19 juin et jusqu'au 30 juin, la partie sud de la ville de Chennai sera à nouveau entrée en confinement. Seuls les services essentiels et les épiceries de proximité sont accessibles. Chennai, située à 150 km de Pondichéry, est actuellement un des principaux foyer d'infection au Coronavirus en Inde.
Le 18 juin, le Ministre de la santé du Territoire de Pondichéry a fait état de 287 cas détectés depuis le début et de 7 décès connus. Actuellement il y aurait 154 cas traités dans les hôpitaux de Pondichéry (informations du New Indian Express). D'après des amis Pondichériens, le nombre de personnes hospitalisées serait plutôt de 275. Le Directeur des services médicaux du Territoire, pas moins de 18 nouvelles zones de confinement ont été annoncées tandis que deux ont été levées. Il a appelé la population à faire très attention. Des contrôles médicaux sont faits aux portes de la ville sur les grandes routes d'accès. À partir du 22 juin, tous les marchands de légumes du Marché Goubert seront déplacés à la nouvelle gare de bus et la vente de légumes est interdite en dehors de la gare. Seuls resteront les vendeurs de fleurs, d'épicerie et de fruits.
Pour l'instant, Pondichéry n'a pas retrouvé son animation. Il n'est qu'à voir les photos envoyées par notre amie indienne Gracy.
Si, dans Nehru Street, on voit encore un peu de vie ...
... il n'en est pas de même des rues moins commerçantes.
Et pour ceux, qui aimaient flâner dans le parc Barathi ou sur l'avenue Goubert, en bordure de mer, ils y trouveraient aujourd'hui une tranquillité qu'ils n'ont jamais connue !
Gandhi comme Dupleix doivent se sentir bien solitaires loin des cris joyeux des enfants.
Temples, églises, bâtiments officiels sont déserts.
Françoise Simonot-Lion