Ce jour-là, Alice et Maran nous emmènent à la maison des
garçons. Nous visitons l’atelier inauguré en 2012 et financé par l’association
Les Orphelins de Pondichéry de Voujeaucourt.
L’atelier se
remplit : un établi complet et bien garni, plusieurs machines sur
lesquelles les enfants s’exercent pour apprendre des rudiments de mécanique
et d’électricité. Le souhait d’Alice est de les rendre capable de réparer et
maintenir les équipements dans leur vie quotidienne. Nous admirons la
nouvelle presse qui va permettre à Alice de restaurer à moindre coût les
livres et cahiers qui ont souvent une vie difficile dans les bras des gamins
chahuteurs.
Une idée
sympathique de Maran : les fenêtres de l’atelier sont protégées par de
grandes volières où perruches et autres oiseaux mul-ticolores nous ont fait
un concert de pépiements. Mais il est 16h30. On entend du bruit. Les enfants
rentrent de l’école. Et aujourd’hui, on ne plaisante pas ; c’est
inspection générale des sacs d’école. Les enfants arrivent par petits
groupes. Dans chaque groupe, les enfants vident leur sac devant un grand,
responsable du groupe. L’inventaire commence et c’est dur pour les petits. On
voit écarter tous les trésors qu’ils ont accumulés depuis la dernière inspection :
qui une image de Mickey, qui, un clou, qui, un peigne cassé … un petit
journal, un poème d’amour, une petite batterie cassée, …
Pourquoi les priver de ces petits
trésors ? demandons-nous à Alice. Avec un sourire Alice explique qu’elle
ne veut pas que les enfants soient tentés à l’école d’échanger des objets,
d’accepter des cadeaux de leurs copains plus favorisés voire de chaparder ce
qu’ils convoitent. Elle ne les prive de rien et s’ils ont besoin, il suffit
qu’ils lui demandent. C’est pour elle une règle de vie qu’elle inculque aux
enfants et la garantie que ceux-ci ne seront pas à l’extérieur accusés de
vol. L’inspection des sacs n’est pas terminée. Il faut encore exhiber plat et
gobelet que chaque enfant transporte avec lui pour le repas de midi.
Attention, ceux-ci doivent porter la marque de Vudhavi Karangal sinon, il
faut fournir des explications convaincantes à Alice et ça, en la regardant
droit dans les yeux ; il ne faut pas bégayer, il faut dire ce qui s’est
passé !
Vient ensuite le contrôle de l’état
des uniformes scolaires et gare au garçon batailleur qui aura déchiré sa
chemise dans une discussion musclée avec ses copains dans la cour de l’école.
Toute cette séance se termine par la présentation par chaque chef de groupe des
affaires de toilette, elles aussi frappées du sceau de l’orphelinat :
savon dans sa boîte, brosse, récipients pour se doucher, etc.
Tout finit bien. Pas de rancune. Les
enfants s’égayent dans la cour avec soulagement : certains s’en sont tirés
avec une remontrance d’Alice, remontrance qui finit par s’effacer derrière un
sourire ; d’autres, plus soigneux (ou plus chanceux) ont été félicités.
Françoise Simonot-Lion - Agnès Volpi - août 2013