En mars, la protection de l'environnement est à l'honneur. Le 21 mars 2022 était dédié à la journée internationale des forêts, tandis que le lendemain on célébrait la journée mondiale de l'eau.
Sauvegarde des forêts et protection de l'eau sont deux problèmes cruciaux de l'Inde. Plus généralement, depuis quelques années, la protection de l'environnement devient un enjeu majeur pour le gouvernement indien. Le pays est en effet particulièrement touché par le dérèglement climatique. Cyclones et ouragans dévastent régulièrement les côtes du Golfe du Bengale ou s'abattent violemment sur le Kerala dans le sud-ouest. Les moussons se font erratiques et le Tamil Nadu, entre autres, a fait l'objet de sécheresses récurrentes entrecoupées de pluies destructrices comme celles qui ont touché la région de Pondichéry le 17 novembre 2021 (voir "Inondation à la maison des garçons").
Chaque année, en hiver, la presse internationale se fait l'écho de la pollution qui enveloppe la capitale indienne New Delhi.
Photo extraite de India Today - 23/11/2021 |
La pratique des brulis dans les champs au nord de la ville, les feux de Bengale et pétards lancés lors de la fête de Diwali, les rues encombrées par des véhicules largement émetteurs de gaz polluants contribuent chaque année à faire de Delhi la capitale la plus irrespirable du monde pendant l'hiver. Quatre villes indiennes sont, en 2021, dans le top 5 des villes les plus polluées de la planète, et 63 sont dans le top 100.
Extension des terres agricoles et industrialisation touchent également les écosystèmes dans le pays. Politiques et scientifiques en prennent conscience et tentent de sensibiliser la population et de déployer des moyens pour enrayer la dégradation de l'environnement.
La forêt indienne occupe environ 23% de la surface du pays. Elle représente 2% des forêts de la planète (la Russie, talonnée par le Brésil en représentant 33% à elles deux). La répartition géographique au sein du pays est disparate, les zones de montagnes tropicales, le nord-est et le Kerala montrant une importante couverture forestière pouvant atteindre 70 Ù de la superficie de l'état ( Himachal-Pradesh, Uttarakand, Sikkim, par exemple) tandis que des états comme le Rajasthan ou le Penjab ne comptent pratiquement pas de forêts (respectivement 9% et 6% de la surface de l'état).
Plus proche de l'orphelinat, des montagnes du Tamil Nadu sont couvertes de forêts, occupant près de 18% de l'état et, à Pondichéry, une petite forêt, offre, depuis quelques années, une ombre agréable lors des promenades dans l'enceinte d'Auroville.
Yercaud - Tamil Nadu |
La forêt d'Auroville |
Le rapport de 2021 du Forest Survey of India mentionne une augmentation des surfaces occupées par les forêts. Ce fait est nuancé par des études scientifiques qui soulèvent le fait que dans ces surfaces sont inclues des plantations. Or celles-ci ne jouent pas un rôle aussi important pour la sauvegarde de la bio-diversité. En particulier, les forêts tropicales de l'est de l'Himalaya aurait perdu plus de 20% de leur surface, notamment dans la zone habitable (entre 800 et 2200 m d'altitude). Exploitations agroforestières, déboisement pour installations de cultures ou d'industries, coupes de bois pour le chauffage, etc. sont la cause de cette diminution des forêts primaires.
Plantation de la région de Yercaud (Tamil Nadu) : Tecks, caféiers et poivriers. |
Cette diminution des espaces traditionnels de biodiversité touche également la mangrove (environ 15 % des mangroves indiennes ont disparue en 20 ans). Comme partout, les mangroves de Pondichéry tendent à diminuer sous la pression immobilière, la pêche intensive, les eaux usées, etc.
Mangrove dans l'estuaire de la Thengaithittu (Backwaters de Pondichéry) |
Le deuxième gros enjeu environnemental de l'Inde est l'eau. Entre autres, il s'agit de maitriser l'accès à l'eau pour les particuliers, la gestion des réserves souterraines pour l'agriculture et la pollution des rivières. En 2022, en moyenne, seuls 48% des 193 millions de familles indiennes en zone rurale ont accès à l'eau courante dans leur maison. On observe ce même pourcentage à Pondichéry et dans l'état du Tamil Nadu. Lancée par le gouvernement indien en 2019, la Jal Jeevan Mission est un programme qui a pour objectif de fournir d'ici 2024 à tous les ménages de l'Inde rurale une eau potable sûre grâce à des raccordements individuels.
Si ce programme aboutit, ce sera un progrès considérable pour la santé des familles et ça aura un impact particulièrement bénéfique sur les femmes et les fillettes qui sont depuis toujours chargées de la corvée de l'eau.
Corvée d'eau dans le village de Yercaud (Tamil Nadu) |
Le deuxième point critique est l'exploitation de l'eau pour l'agriculture. L'eau des nappes souterraines et des puits est une ressource précieuse dont l'usage doit être maitrisé et qui doit être partagé équitablement au sein des communautés rurales.
Un puits dans le Rajasthan |
Enfin, un dernier problème sur lequel de grands projets nationaux ont été lancés concerne la pollution des rivières. Depuis plusieurs décennies, industries, agriculture, ménages versent leurs déchets dans les rivières du pays.
Dès 2015, un programme National Mission for Clean Ganga a été déployé pour nettoyer le Gange, rivière sacrée des hindous. Reboisement et aménagements de certaines de ses berges, création d'éco-parcs ont certes amélioré les rives de la rivière. Par contre, des scientifiques alertent sur le fait que les déchets rejetés par les riverains, industries ou particuliers, continuent à polluer les eaux. De plus, si la plantation d'arbres peut contribuer à maintenir le niveau des eaux souterraines, le vrai enjeu, serait de maitriser le débit de la rivière et pour cela contrôler l'installation et la gestion des barrages ainsi que l'extraction de gravier et sable en amont.
C'est néanmoins, selon les méthodes utilisées pour le Gange que le gouvernement indien va s'attaquer à rendre 13 rivières du pays plus propres ; le programme inclut les 5 rivières du Penjab, la Yamuna qui irrigue la capitale, le fleuve Brahmapoutre et la Mahanadi à l'Est, la Luni dans le Rajasthan, les rivières Narmada, Godavari, et Krishna qui irriguent le centre du pays et la Cauvery plus au sud. Le budget de ce projet s'élève à 193 milliards de roupies (environ 2,4 milliards d'euros).
Dans ce contexte, il est fondamental de former les jeunes générations à la protection et la sauvegarde de l'environnement. C'est pourquoi, chaque année, à l'orphelinat, les journées internationales de l'eau et de la forêt sont occupées à des exposés sur ces sujets et à des activités relatives à l'environnement.
L'eau bienfaitrice est à l'honneur chez les filles.
Et un petit poème pour compléter ...
... jusqu'à créer et jouer une pièce de théâtre qui raconte avec beaucoup de simplicité et de charme comment la forêt abrite des êtres vivants.
Sources:
Forest Survey of India (Ministrey of Environment, Forest & Climate Change) - Report 2021 - (https://fsi.nic.in/forest-report-2021-details)
"Les rapports indiquent que la couverture forestière diminue, contrairement aux affirmations du gouvernement" - Mongabay - TV Padma - 15 mai 2018 - (https://india.mongabay.com/2018/05/reports-say-forest-cover-decreasing-contrary-to-government-claims/)
Jal Jeevan Mission - https://jaljeevanmission.gov.in/
Citing Ganga Rejuvenation ‘Success’, Govt To Use Same Model for Other Rivers - The Wire Science - 23 mars 2022 - (https://science.thewire.in/environment/ganga-rejuvenation-success-claim-government-use-same-model-other-rivers/)