Il y a quelques semaines, notre amie Gracy nous a envoyé des photos de Pondichéry.
C’était à la mi-mai 2021. Tout le district atteignait le pic de la deuxième vague de Covid-19. Tous les jours plus de 1500 nouveaux cas étaient détectés. Dans les hôpitaux publics, les lits en réanimation étaient tous occupés et dans l’ensemble des établissements mobilisés pour l’occasion disposant de respirateurs les places étaient difficiles à obtenir. À cette époque à Pondichéry, en moyenne 50 décès dus à l’épidémie étaient à déplorer chaque jour. Des couvre-feux étaient instaurés dans la ville. La plupart des règles sont d’ailleurs maintenues jusqu’au 15 juillet.
Les rues de Pondichéry reflètent bien l’atmosphère qui règne en ce mois de mai dans la ville. Nous qui avons le souvenir de rues bondées où les motos, mobylettes et vélos zigzaguent adroitement au milieu des voitures, bus, camions crachant leurs gaz d’échappement, nous avons du mal à reconnaitre Mahatma Gandhi Road (la rue où habite Alice et sa famille) ou la rue de Bussy. En temps ordinaire, traverser ces deux rues est pour un piéton une épreuve difficile à laquelle il ne se résout qu’en cas d’absolue nécessité.
Il n’y a plus de petits vendeurs au pied de l’horloge plantée au croisement de ces deux voies habituellement si animées.
Les commerces essentiels peuvent ouvrir en respectant le couvre-feu qui était appliqué entre 22 h le soir et 5 h le matin. Les personnels de tous les magasins devaient alors être tous rentrés chez eux à ce moment. Au marché Goubert, on circule facilement entre les rayons là où, en février 2020, il fallait jouer des épaules et s’affirmer fermement pour être servi au milieu de ménagères frénétiques. Poissons, légumes, épiceries, fruits, images pieuses attendent le chaland.
Même les parures de fleurs fraîches n’attirent plus les coquettes.
Sur le marché ou dans les rues, le port du masque se fait rare. Preuve en est que les consignes répétées du gouvernement ne sont pas vraiment entendues. Partout sur les sites officiels, les consignes sont explicites, des posters sont disponibles pour inciter les indiens à respecter les gestes barrières.
Depuis le début de la deuxième vague, le port du masque est même conseillé à la maison. Mais le ministre indien de la santé reconnait que la moitié des indiens porte un masque et que parmi ceux-ci, seuls 14% le portent correctement.
En février 2020, nous avions laissé l’horloge du marché Goubert en travaux. Les échafaudages qui l’entouraient et les tas de sable à ses pieds laissaient entrevoir une rénovation d’ampleur. On en parlait depuis longtemps. La vieille horloge avait subi les outrages d’un climat tropical. Elle était devenue grise et rongée de moisissures.
Nous la découvrons à nouveau sur les photos de Gracy. Le rose de la façade, le bleu cerclé de crème des ouvertures … Nous sommes bien en Inde et c’est magnifique.
Aroul, notre grand fournisseur d’écharpes, foulards et paréos tient boutique au pied de ce monument. Son stand est bien connu pour le dynamisme de son patron, la qualité de ses produits et ses prix doux. Mais depuis mars 2020, les touristes occidentaux ont quitté Pondichéry. Et Aroul, en bon commerçant, mise sur la clientèle locale et a troqué son étalage de foulards et écharpes pour une rangée de saris.
Les temples, mosquées, églises ont le droit d’ouvrir pour les
cérémonies quotidiennes (pujas, prières, messes) mais avec une jauge de
50% de la capacité totale. Il y a peu de monde devant le grand temple
Manakula dans la ville blanche et, sur Mission Street, les grilles de la
cathédrale restent fermées en dehors des messes.
La deuxième
vague recule en Inde après avoir atteint un important pic à la mi-mai. À
Pondichéry, on déplorait un décès le 4 juillet et le nombre de nouveaux
cas diminue et se situe à un peu plus de 150 par jour. Environ 30 % de
la population du district a reçu une première dose de vaccin.
Une
troisième vague est annoncée pour l’été. Comme partout dans le monde,
l’Inde se bat pour assurer le plus vite possible un niveau de couverture
de vaccination suffisant pour atteindre l’immunité collective et éviter
les situations de panique qui ont affecté le pays lors des deux vagues.
Françoise Simonot-Lion
Photos de Gracy Arut