Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

dimanche 16 avril 2023

Promenade au milieu de témoins silencieux de l'histoire de Pondichéry

Uppalam est un quartier paisible au sud de Pondichéry. Ici on peut rêver au sein d'un lieu qui raconte une partie de l'histoire de cet ancien comptoir français de l'Inde : le cimetière chrétien.

 

En laissant derrière nous le vacarme d'une avenue encombrée, nous pénétrons dans un autre monde. Ici règne le silence, à peine troublé par les cris des perruches. Des monuments imposants côtoient de modestes tombes sous l'ombre rafraichissante de grands arbres. Les feuilles filtrent joliment la lumière.



 

La végétation tropicale reprend vite ses droits envahissant les tombes.


Ombre et soleil, silence, douces couleurs des croix, fleurs parsemant les tombes, harmonie.

 Quelques signes de vie. Une femme est venue se recueillir et embellir une tombe.

Plus loin, des travaux d'entretien sont en cours.
 


Du linge sèche au-dessus des tombes.


Poules et coq du gardien des lieux profitent de cet espace plein de ressources tandis que les petits écureuils rayés nous regardent passer avec étonnement.


Un promeneur attentif peut distinguer un semblant d'organisation dans l'emplacement des tombes. À droite de l'entrée au fond du parc se trouvent les tombes les plus anciennes : français venus de France pour établir leur vie dans les colonies et comptoirs français, créoles (français nés dans les possessions française), pondichériens tamouls.

Dans la partie ancienne, on ne peut pas rater l'imposant caveau de la famille Goubert. 

Édouard Goubert, français, métis franco-indien, fut maire de Pondichéry en 1948 puis député à l'Assemblée Nationale. Dès l'indépendance de l'inde en 1947, le statut des comptoirs français y était discuté. À l'issue d'un référendum, Chandernagor (au nord de Calcutta) opta rapidement pour une inclusion dans la nouvelle république indienne. En ce qui concerne Pondichéry, Yanaon, Karikal, villes de la côte de Coromandel à l'Est et Mahé, sur la côte ouest, l'affaire a trainé un peu. Alors qu'il était député, Édouard Goubert s'engage résolument pour le rattachement de Pondichéry à la République indienne. Ceci lui vaudra d'être destitué de sa charge. En 1962, la France rend finalement à l'Inde ses quatre derniers comptoirs et Édouard Goubert devient le premier Chief Minister du Territoire de Pondichéry qui inclut, outre Pondichéry, Yanaon, Karikal et Mahé.

Après la révolution française, plusieurs familles de l'ancienne noblesse se sont installées dans les possessions françaises d'outre mer. On en retrouve la trace sur le caveau de la famille De La Barre de Nanteuil.

 

Après 1792, un membre de la famille De La Barre de Nanteuil, ancienne noblesse normande, tenta sa chance à Saint Domingue, à l'île de la Réunion, puis à Pondichéry où ses descendants s'installèrent. Certains d'entre eux jouèrent un rôle important dans le commerce entre la France et les comptoirs de l'Inde et se marièrent au sein de la communauté française de Pondichéry : Gabriel de la Barre de Nanteuil épousant la fille de Alphonse Prudhomme, nommé par une ordonnance du Roi en 1832 Conseiller-auditeur de la Cour Royale de Pondichéry et sa fille convolant avec l'ingénieur français Marius Joachim Henri Bertet.

Toujours dans ce quartier des anciennes tombes du cimetière d'Uppalam, on peut découvrir le parcours d'autres familles françaises qui tentèrent de trouver fortune dans les possessions françaises d'outre-mer. Certains nés dans ces territoires finirent leur vie à Pondichéry, venant de la Martinique, de la Réunion ou de l'île Maurice.





La plus touchante d'entre toutes est celle de Marie-Virginie Erny, née le 14 Pluviose an VI  (2 février 1798) à l'île Maurice.


La trajectoire du Chevalier de Warren a été légèrement différente. Une naissance en Italie, puis après quelques tentatives dans les arts et la culture de l'indigo, il intègre l'armée anglaise et part en Inde. Mais en fait Jean-Baptiste de Warren a toujours montré des dons pour la géométrie et l'astronomie. Pendant son séjour en Inde il conduit plusieurs missions scientifiques et découvre d'anciennes mines d'or dans le Karnataka. En 1814, il intègre l'armée française et s'installe à Pondichéry où il termine sa vie.

La tombe de Louis Bernard Amelius Delrieu témoigne du passé commercial du comptoir.

Et sous cette pierre repose Anne James qui vécut au XVIIIème siècle.

 

Les tombes de prêtres attestent de la présence ancienne des églises catholiques dans la région de Pondichéry.


L'occupation française de Pondichéry si elle a entrainé l'installation de nombreux français dans le comptoir s'est aussi accompagnée d'un mouvement inverse de la population tamoule. Le cimetière est aussi un lieu de mémoire pour les pondichériens qui ont accompagné les français dans leurs autres possessions. C'est ainsi qu'on peut parcourir la quartier des tombes des "saïgonais" ainsi que les pondichériens les appellent. Ces tamouls étaient employés en Indochine dans l'armée ou l'administration française. Certains s'y sont installés tandis que d'autres sont revenus au pays.







 

Parfois on est perplexe devant certains monuments. Le caveau de la famille Sada nous interpelle. Syncrétisme de plusieurs religions ?


Souvent, par des épitaphes explicites, la famille du défunt souhaite rappeler le rôle social de la personne.






D'émouvantes épitaphes nous renvoient l'image des occupants de ce lieu.



En Inde du sud, les personnes sont traditionnellement nommés par un seul nom. Parfois, ils peuvent être désignés par xxx, fils de yyy. Les pondichériens qui ont opté pour la nationalité française ont du pour avoir des papiers d'identité français fournir un prénom et un nom. C'est donc, soit la personne qui sollicite ces papiers, soit parfois l'officier d'état civil, qui choisit le nom patronymique qui sera apposé sur les documents. Ces choix ne manquent pas de charme et d'imagination comme le témoignent les tombes de la partie tamoule du cimetière. 




On peut aussi se revendiquer d'un passé loin de Pondichéry ...






... ou affirmer fermement son amour pour la France.


Nous quittons cet endroit paisible pour retrouver le chaos des rues de Pondichéry.

Mais notre promenade dans l'histoire ne s'arrête pas là. Au cœur de la ville blanche, à coté de l'église de Notre-Dame des Anges, dans l'enclos des Capucins, ont été rassemblées de très anciennes tombes.

C'est dans ce petit parc que se trouve la plus vieille tombe de Pondichéry. Jacques L'Huyer, né à Dunkerque était un soldat français affecté à la garnison de la ville de Pondichéry. Il mourut à Pondichéry après une longue maladie le 21 août 1703 après avoir reçu tous les Saints Sacrements.

Si vous visitez Pondichéry, n'oubliez pas de visiter ces deux lieux où se raconte un peu de l'histoire des comptoirs français de l'Inde.

Françoise et Matthieu