Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

samedi 21 décembre 2019

Quand le bonheur s'accompagne de générosité

Au début juillet 2012, Yasmine et quatre de ses camarades débarquent à l'aéroport de Chennai dans la chaleur et l'humidité. Tous les cinq sont étudiants, en première année  à l'ESSTIN (actuellement Polytech Nancy) et ils viennent faire leur stage ouvrier d'un mois à Vudhavi Karangal.
C'est ainsi que jusqu'au début du mois d'août, ils réalisent des travaux de peinture dans la maison des garçons à Nonankkupam, au sein d'une équipe d'ouvriers indiens, ils font de la maçonnerie pour la cuisine extérieure des filles à Palayam.
Loin du confort de leurs amphithéâtres confortables, ces jeunes ont supporté avec bonne humeur les coups de chaud, les reins douloureux et les mains calleuses. Ils ont eu à cœur de donner le maximum d'eux-mêmes pour ces enfants du bout du monde.

En fin d'après-midi, à Vudhavi Karangal, les petits pensionnaires sont rentrés de l'école, les devoirs sont faits et c'est alors pour nos cinq volontaires un intermède de bonheur passé avec les enfants à qui ils apprennent des jeux et des chansons françaises.



Découverte de l'Inde, de ses couleurs, de ses épices, de ses bruits. Découverte de Pondichéry, ville qui fut longtemps liée à la France et qui en conserve encore de belles traces.
Découverte surtout de ces enfants pour qui la vie ne s'annonçait pas facile, mais qui trouvent à Vudhavi Karangal un havre de paix et un avenir.

Yasmine revient de ce voyage marquée à jamais par l'ambiance et la culture de l'Inde. C'est d'abord la danse indienne, qu'elle étudie dès son retour en France, qui lui permet de prolonger son voyage. Cette passion se poursuit encore. Elle cultive toujours les amitiés qu'elle a nouées à Pondichéry.

Et surtout, Yasmine n'oublie pas ces enfants qu'elle a côtoyés pendant un mois. Pour continuer à les aider de loin, elle s'investit dans l'association Les Orphelins de Pondichéry, association à laquelle elle donne un coup de mains lors de différentes manifestations.


Arrive la fin des études. Son beau diplôme en poche, Yasmine entrera dans le monde du travail chez Dalkia à Vandoeuvre-Les-Nancy.

Et Yasmine rencontre Loïc.
En juin 2019, ils se marient une première fois dans les Vosges.


Famille oblige, en juillet 2019, ils fêtent leur mariage à Tunis.


Au milieu de tout ce bonheur, Yasmine n'oublie pas les enfants de Vudhavi Karangal. S'ils sont présents dans son coeur, elle veut qu'ils le soient aussi dans celui de ses invités. Lors de son mariage, tissus colorés, guirlandes lumineuses, bougies recréent un petit autel indien à coté duquel sont exposées des photos des enfants.



Le bonheur rend généreux et les dons collectés permettront de faire vivre un enfant pendant presque 8 mois (nourriture, hygiène, hébergements, transports).

Prochaine étape : faire découvrir Pondichéry à Loïc, bien sûr !

mardi 10 décembre 2019

Marché de Noël équitable et responsable à l'ICN Business School




Le mardi 10 décembre 2019, l'antenne de Nancy des Orphelins de Pondichéry a pris part à une journée organisée par les étudiants de deuxième année de l'ICN Business School de Nancy sur le campus ARTEM.

C'est ainsi qu'un Marché de Noël équitable et responsable a pris place dans le hall de l'école mis à notre disposition pour y exposer les photos des enfants de Vudhavi Karangal ainsi que les produits indiens destinés à la vente.


L'argent collecté à cette occasion permettra d'assurer hébergement, transports, nourriture, soins à un enfant pendant presque 8 mois.





dimanche 24 novembre 2019

Marché du Monde Solidaire à Badonviller

L'Espace Culture et Loisirs de Badonviller organisait un Marché du Monde Solidaire les 23 et 24 novembre 2019. Huit associations d'aide humanitaire y étaient présentes pour faire connaitre leurs projets d'aide aux structures locales. Entre soutien à une économie solidaire et support à l'éducation des enfants, ces associations s'impliquent au Congo, au Sénégal, au Burkina Fasso, à Madagascar, au Pérou, en Inde, ...

L'association Les Orphelins de Pondichéry était présente à cette manifestation, apportant, comme d’habitude, les couleurs de ses foulards de soie, l'exotisme de ses bijoux et le parfum de ses épices.


Concerts et conférences se sont succédés tout au long des deux jours dans une ambiance chaleureuse et amicale. Le samedi, le public a été sous le charme de la chorale Musique à l'Oreille de Badonviller. Le dimanche l'association FITNAT de Badonviller a allumé la salle par ses démonstrations de zumba tandis le groupe malgache RAVENALE a déversé sur les spectateurs leurs endiablés.



L'association Les Orphelins de Pondichéry avait distribué un quizz aux participants. Deux d'entre eux ont trouvé les bonnes réponses et ont gagné ainsi un très joli lot.






mercredi 20 novembre 2019

Rallye des Solidarités - 15 novembre 2019

En prélude au Marché du Monde Solidaire 2019, quatre classes de collégiens de l'agglomération de Nancy ont participé au Rallye des Solidarités organisé au Conseil Départemental de Meurthe et Moselle.
Le but était de leur faire découvrir les habitudes alimentaires des pays représentés. Par petits groupes, ils ont arpenté les couloirs du Conseil Départemental pour trouver les réponses aux questions figurant sur leur feuille de route.

C'est ainsi que sur le stand des Orphelins de Pondichéry, une trentaine d'enfants curieux sont venus chercher la réponse à la question :

" En Inde, il y a un milliard de végétariens (personnes qui ne mangent pas de viande).
Quel est l’aliment qui remplace la viande dans leur nourriture ? "

Des lentilles sèches disposées dans une coupelle au centre du stand leur fournissait la solution. 
Il était rassurant de voir que tous les enfants connaissaient les lentilles ("ils en servent à l'école, c'est pas bon", "ma mère en fait souvent, j'adore", ...). Plonger leurs mains dans les petites graines les ravissaient.

Les sensibiliser aux aspects sociaux, culturels, environnementaux du pays et de l'alimentation de ses habitants faisait partie du rallye ; cela s'est fait par des animations à l'aide de photos ou d'objet.

  • Montrez où se trouve l'Inde sur la mappemonde :

... Nous sommes au regret de dire que 80% des enfants venus sur le stand situent l'Inde en Afrique

  • Regardez les photos de repas indiens ; que remarquez-vous ?

Une feuille de bananier en guise d'assiette

Les garçons de Vudhavi Karangal avant un repas
"Ils mangent sur une feuille ... !  Ils n'ont pas de fourchette ... ! "
  • Manger des lentilles ? Pourquoi ?
  • Un milliard de végétariens ... Pourquoi ?
  • ...
 
Et les 5 minutes que nous consacrons à chaque groupe passent rapidement et les enfants repartent tous avec un petit souvenir de l'Inde.





Marché du Monde Solidaire 2019

Les 16 et 17 novembre 2019, le traditionnel Marché du Monde Solidaire s'est déroulé dans les halls du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle.






L'association Les Orphelins de Pondichéry y était présente comme chaque année.

Cette année, le stand était animé par une équipe de choc Maha, Manola, Marie-Ly, Perrine, Agnès, Françoise, Brice et Victoria qui a attiré l'oeil des chalands dans son superbe sari vert et or.



Foulards de soie chatoyants, douces écharpes de laine, épices parfumées se sont arrachés durant les deux jours.

Plus de 3500 € ont été récoltés, à cette occasion, entre les ventes de produits indiens et les dons.





mercredi 12 juin 2019

La rentrée 2019 pour les filles de l'orphelinat

Programme chargé pour l'année scolaire qui démarre début juillet ! En effet, ce sont 22 filles de l'orphelinat qui vont faire des études supérieures. Alice a toujours le souci de donner la meilleure chance possible aux enfants et c'est pourquoi, à partir du collège, la scolarité se fait dans des écoles privées, écoles chrétiennes pour la très grande majorité d'entre elles. Toutes ces formations sont payantes et l'antenne de Nancy s'est engagée à participer autant qu'on le peut à financer la rentrée des filles à partir du lycée (niveau XI, dans le système scolaire indien).

Cette année,  le montant des inscriptions des 22 filles s'élève à 966 400 roupies indiennes, soit un peu plus de 12 000 €.
Grâce à votre générosité, l'antenne de Nancy a pu envoyer 11 000 € et l'antenne de Montbéliard a versé le complément. Aux frais d'inscriptions on doit ajouter le coût des uniformes, des livres, des matériels spécifiques à chaque type d'étude. En attendant les devis pour ces frais additionnels, nous avons commencé à engager des actions afin de collecter des fonds (ventes, conférences, ...) qui compléteront notre premier envoi.

Souhaitons bon courage à toutes ces jeunes filles qui trouvent à l'orphelinat une chance extraordinaire d'accéder à une éducation de qualité, donc de pouvoir trouver du travail  et de contribuer à faire vivre leur famille.
  • Dix d'entre elles seront au lycée (St Mathias Higher Secondary School)
    • Ambika et Iswariya y démarreront le cycle secondaire supérieur (niveau XI, correspondant à une classe de première au lycée, selon le système français)
    • Dhivya, Jamila Banu, Mahalakshmi, Maria, Meenatchi, Monica, Ramiya et Rithiga ont réussi les examens de niveau XI et entreront donc en niveau XII (correspondant à une classe de terminale en France) pour y préparer l'équivalent du baccalauréat.
  • Huit jeunes filles sont inscrites à l'Immaculate College de Pondichéry.
    • Divya I et Maliga M seront en troisième et dernière année de licence de sciences (informatique) 
    • Priya M commencera une licence de commerce et Abhirami préparera une licence de français (Abhirami était précédemment dans une école religieuse où elle a appris le français ; se retrouvant orpheline il y a quelques années et sans possibilité pour sa famille de l'élever, elle a été placée à l'orphelinat où Alice lui a offert la possibilité de poursuivre les études qu'elle avait commencées).
Immaculate College - Pondichéry
  • Les autres filles s'orientent dans le domaine paramédical au Aaru Padai Veedu Medical College & Hospital
    • Vinothini, Sivasakthi et Prema commencent une formation d'infirmière / sage-femme (Diploma in General Nursing and Midwifery). 
    • Malarvizhi, Pushpa, Gomathy, Hemavathy et Jothilashmi démarreront des études d'infirmière qui dureront 3 ans (B. Sc, Nursing).
Aaru Padai Veedu Medical College & Hospital






jeudi 21 mars 2019

L'enfance en Inde - la situation à l'orphelinat

Les informations générales sur l'Inde figurant dans cet article sont issues de : Children in India 2018 - A statistical Appraisal (Ministry of Statistics and Program Implementation - Governement of India), du site de la Banque Mondiale, du Juvenile Justice (Care and Protection of Children) Act, 2015, du Juvenile Justice (Care and Protection of Children) Model Rules, 2016.

En 2017, l'Inde comptait 1,339 milliard d'habitants ce qui en faisait le 2ème pays en terme de population après la Chine, qu'elle devrait d'ailleurs dépasser en 2025.

L'Inde est un pays jeune. Lors du recensement de 2011, 28% de la population indienne avait moins de 14 ans (plus de 30% avaient moins de 4 ans). Si les programmes de maîtrise de la natalité, un meilleur accès aux soins et de meilleurs pratiques de vie ont eu un effet sur l'évolution démographiques de ces 2 dernières décades, deux déséquilibres apparaissent dans les statistiques.
  • 48 % de filles contre 52 % de garçons dans la tranche d'âge 0-14 ans. Ce déplorable sex-ratio (nombre de filles pour 1000 garçons) peut atteindre des taux extrêmes dans des états du Nord comme l'Haryana, le Penjab, le Territoire de Delhi, etc. en ce qui concerne les enfants de moins de 6 ans, montrant une résistance à la maîtrise de la natalité dans ces états traditionalistes. On peut citer néanmoins le Kerala et le Territoire de Goa qui ont inversé la tendance (plus de filles que de garçons) ; le Territoire de Pondichéry fait également figure de bon élève avec un ratio qui serait de 1034 en 2018.
  • Le pourcentage de jeunes en milieu rural est plus important que dans les villes. Ceci est, en partie, justifié par le besoin de bras pour travailler la terre ; cependant, la tendance est maintenant à la mécanisation et, depuis dix ans, les tracteurs gagnent du terrain sur les chars à boeufs même dans les terrains de moyenne surface du Tamil Nadu. À ceci s'ajoutent les changements climatiques qui bouleversent les écosystèmes locaux. Par exemple, le Tamil Nadu fait face depuis plusieurs années à des moussons faibles et irrégulières qui lorsqu'elles tombent le font sur une courte période et avec une violence destructrice qui ne permet pas de régénérer les terres. Récoltes incertaines, revenus en baisse, la pauvreté gagne les zones rurales et les premiers touchés sont bien sûr les enfants.

Dans un pays où le PIB a montré une croissance remarquable plaçant, en 2017, l'Inde au rang de la sixième puissance mondiale dépassant la France pour la première fois, de grandes inégalités de richesse subsistent.
D'après la Banque Mondiale, en 2015, l'Inde faisait partie des 5 pays comptant le plus grand nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté (évaluée alors à plus de 4% de la population). Plus de 25% étaient en 2011 en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,9 dollars par jour).
En même temps, en 2015, l'Inde se classe au 3ème rang mondial quant au nombre de milliardaires sur son territoire ; la part de la richesse nationale entre les mains de ces quelques 150 milliardaires était de 23% du PNB en 2015.

Le milliardaire indien Mukesh Ambani a dépensé 100 millions de dollars pour le mariage de sa fille en décembre 2018, louant notamment à cet effet le palais d'Udaipur (Rajasthan)
Paradoxe de l'Inde qui faisait dire à un chroniqueur du journal Le Monde "L'Inde, un pays riche mais une société pauvre" (hors-série n°38 - Inde, le Réveil - 2013).
Et cette pauvreté se déploie à la campagne ou dans les grandes villes où de nombreux villageois, attirés par les sirènes du boom économique vanté par le gouvernement et les médias, côtoient des citadins essayant de survivre dans la jungle de la ville.

Bidonville aux abords d'une ville dans l'état du Penjab
Et les enfants, dans ce contexte ? Quelques faits :
  • Le taux de mortalité infantile (en-dessous de 12 mois) a baissé significativement mais, en 2016, il reste encore proche de 33 pour mille garçons vivants et de 36 pour mille filles vivantes. Là, encore, il y a une grande disparité entre les états (Tamil Nadu et Territoire de Pondichéry étant nettement en-dessous de ce taux, tandis que des états du Nord de l'Inde le sont au-dessus) et entre ville et campagne.
  • À la même date, la mortalité touchant les enfants de moins de 5 ans était de 38 pour mille enfants vivants (43 pour mille en zone rurale). De plus, 36% des enfants de moins de 5 ans souffrent d'insuffisance pondérale et certains même d'anémie.
  • La sécurité des enfants devient préoccupante ; le taux d'agressions contre des enfants (< 18 ans) a tendance à s'accroitre pour atteindre 24/100 000 en 2016 ; maltraitances allant jusqu'au meurtre, abandons, ... ; au premier rang, on trouve les enlèvements d'enfants (dont les mariages forcés) et les infractions sexuelles (34 % des crimes).
  • Le travail des enfants est toujours pratiqué. Le dernier recensement (2011) a montré qu'il y avait encore plus de 10 millions d'enfants entre 5 et 14 ans qui travaillaient (presque 4 % des enfants) ; grâce à deux lois - Child Labour Amendment (Prohibition and Regulation) Act, 2016 et The Right to Education Act, 2009 - ce nombre tend à décroitre. Il diminue plus dans les campagnes alors qu'il augmente en ville où, en 2011, 500 000 enfants étaient employés comme domestique. Employer un enfant qui n'a pas atteint l'âge où l'école ne devient plus obligatoire (15 ans) est strictement interdit. Par ailleurs, il est interdit de confier à un enfant entre 15 et 18 ans un travail jugé dangereux.
  • Jeune vendeur de fleurs à la gare des bus de Salem (Tamil Nadu)
Petit cuisinier dans le Rajasthan
En Inde, survivre dans la précarité et la violence est donc le chemin que doivent encore parcourir de nombreux enfants à notre époque.
Parallèlement, les crimes commis par des enfants (< 18 ans) sont en augmentation en Inde et atteignaient en 2016, près de 36 000 cas enregistrés, soit un accroissement de 7 % par rapport à 2015. Les raisons en sont certainement les mêmes que dans tous les pays, mais elles sont exacerbées par un contexte économique, social et familial qui est particulièrement critique parmi les plus pauvres.

En 2015, le gouvernement publie la loi  Juvenile Justice (Care and Protection of Children) Act, 2015 qui aborde trois points fondamentaux concernant les enfants :
  • Les enfants en conflit avec la loi (l'Observation Home, géré par Alice, pour filles de moins de 18 ans en conflit avec la loi relève de ce point ; nous ne l'aborderons pas ici) ;
  • L'adoption d'enfants indiens ;
  • Les enfants nécessitant soins et protection
Bien entendu, ce sont les sections relevant du dernier point qui concernent principalement l'orphelinat. Elles définissent des principes à observer par les différents moyens d'hébergement d'enfants vivant dans la précarité et l'insécurité et, en particulier 
  • les hébergements partiels pour, par exemple, permettre à des enfants dont l'accès à des écoles est difficile, de suivre une scolarité normale comme c'est le cas pour les enfants de gitans hébergés à APRES à Periyakattupalayam administré depuis 2 ans par l'orphelinat ;
Une classe pour les enfants de gitans hébergés à APRES
  • les familles d'accueil ;
  • les maisons d'enfants qui hébergent toute l'année des enfants orphelins, abandonnés par leur famille ou dont les parents ne peuvent assurer une protection (absence de sécurité au sein de la famille ou impossibilité pour les parents d'élever l'enfant) ;  c'est le cas, à l'orphelinat, de la maison des garçons à Nonankuppam et de celle des filles à Palayam.
La cour intérieure de la maison des filles à Palayam
Un dortoir dans la maison des garçons à Nonankuppam
Cette norme énonce des principes simples et justes pour la protection des enfants, devant leur assurer une vie saine, un accès aux soins médicaux, un accès à l'éducation, un accès à des loisirs et la garantie d'un épanouissement. Elle est complétée par des principes de gestion permettant, d'une part, d'enregistrer et de suivre les enfants et leur évolution et, d'autre part, d'évaluer la manière dont sont administrées ces maisons d'enfants. Notons que la majorité des principes figurant dans la loi sont déjà en place depuis longtemps à l'orphelinat puisque Alice, outre un toit, de la nourriture et des soins donne à tous les enfants l'accès à une éducation sérieuse mais aussi à des jeux et à des activités comme le yoga, les arts martiaux, la musique, la danse, des activités manuelles stimulant la créativité. 


Le toboggan dans la cour de APRES

D'après cette loi , dans chaque district doivent être créés un ou plusieurs comités (Child Welfare Committee) qui a pouvoir de décision sur le placement des enfants et les audits des structures d'hébergement. Un tel comité a été créé pour Pondichéry.  Ce comité est très puissant.

Les principes érigés dans la loi s'accompagnent de règles d'applications dans le document voté en 2016 le Juvenile Justice (Care and Protection of Children) Model Rules, 2016. Ce document est très précis et y figurent notamment des exigences quantifiées qui vont être, si elles doivent être appliquées, extrêmement coûteuses pour les structures hébergeant les enfants. C'est ainsi qu'on peut y lire, par exemple, les obligations suivantes :
  • un matelas neuf doit être fourni à chaque enfant lorsqu'il arrive dans la maison, ce matelas soit être renouvelé tout les ans (soit, pour notre partenaire au moins 300 matelas à acheter chaque année) ;
  • il doit y avoir une salle de bains fermée pour 5 enfants (soit, 60 salles de bains pour les quelques 300 enfants de l'orphelinat) ;
  • un jus de fruits frais doit être servi chaque jour à chaque enfant mais les fruits et les légumes restent relativement chers en Inde et, pour l'instant, ils ne sont pas encore cultivés à grande échelle à l'orphelinat  (papayers, bananiers sont déjà plantés sur le terrain de APRES et il y pousse déjà divers légumes) ;


  • en rentrant de l'école (17h pour la plupart), il est suggéré que les enfants jouent à l'extérieur pendant 2 heures, puis regarde la télévision durant une heure ... ensuite, ils peuvent faire leurs devoirs, diner, se laver, ... ; ceci donnerait, pour un enfant de l'orphelinat un coucher vers 22h au mieux !
  •  ...
D'autres règles concernent l'administration d'une maison d'enfants ;  il s'agit de la mise en place de documents et de procédures pour l'accueil, le suivi d'un enfant, la gestion du personnel, ..., certaines des procédures établies pouvant se révéler très lourdes (obligation de lister les enfants et leur âge, tous les matins à la craie sur un tableau noir, maintien de nombreux registres).

Toujours parmi les règles d'application, il est également "suggéré" des normes en termes de surface minimum pour toutes les pièces d'une maison d'enfants et parmi ces normes, celle concernant la surface des dortoirs est critique pour l'orphelinat puisqu'il est conseillé fortement d'attribuer 92 m2 à un dortoir de 25 enfants de moins de 18 ans ; ceci porterait la surface nécessaire dans la maison des garçons à environ 450 m2 alors que la surface disponible actuellement est de 267 m2 seulement tandis que pour les filles c'est un déficit de 100 m2 qui est montré pour les 71 filles mineures hébergées. Si ces suggestions sont imposées Alice devra chercher des solutions pour les 40 garçons et 21 filles qui seront en surnombre.
La situation est différente en ce qui concerne APRES puisque le problème ne vient pas de la surface mais de la sécurité du dortoir de garçons et de salles de classe qui sont actuellement dans un bâtiment dont le toit peut présenter des dangers en cas de vents violents, typhons, cyclones, ... Mais, un nouveau bâtiment devrait être construit rapidement pour pallier ce problème.

Bâtiments de APRES utilisés actuellement comme dortoir pour les garçons et salle de classe

Qu'en est-il exactement à Pondichéry ? Le  document concernant les règles d'application de la loi est décliné au sein de chaque état et territoire de l'Union. C'est ainsi que le Territoire de Pondichéry prépare un texte d'application auquel malheureusement personne des structures existantes ne participe.
Dans ce petit territoire, ancien comptoir français, 90 % des maisons hébergeant des enfants sont non gouvernementales et à la très grande majorité, gérées par des chrétiens alors que le gouvernement actuel de l'Inde milite pour une Inde hindoue et met toujours en avant les vertus de l'hindouisme (80% des habitants de l'Inde sont hindous). L'orphelinat est un établissement privé et non confessionnel. Mais Alice est chrétienne. Les autres établissements d'obédience chrétienne, d'une part, accueille beaucoup moins d'enfants que ce centre et, d'autre part, sont sous la responsabilité d'une communauté religieuse et non d'une personne comme c'est le cas pour Alice.
C'est ainsi que, depuis le mois d'août 2018, Alice subit jusqu'à 3 inspections par semaine : audit des stocks, inspection des registres, mesures des surfaces, interviews des enfants et du personnel par les membres du Child Welfare Committee de Pondichéry. Et le problème du renouvellement de la certification du centre repose entièrement sur ses épaules.

Alice est forte et, nul doute qu'elle saura faire face mais, ainsi qu'elle nous l'a confié, cette situation l'oblige à être sur le terrain d'une administration tatillonne au détriment d'une présence au côté de ceux qu'elle considère tous comme ses enfants et qui ont besoin d'elle.


Françoise Simonot-Lion (photos : Françoise Simonot-Lion et Matthieu de Lamarzelle)


mercredi 20 mars 2019

Dernières parutions


Notre Président, Adonis Mathurin dans la maison des filles de Vudhavi Karangal
Chers lecteurs, chères lectrices,

Vous trouverez :
  • le rapport d'activités 2018 de l'antenne de Nancy des Orphelins de Pondichéry ici ;
  • le bulletin de février 2019 de l'association Les Orphelins de Pondichéry ici.

Bonne lecture.

Françoise et Agnès

 

vendredi 22 février 2019

Pondichéry, une ville qui se transforme

Le concept de smart city est actuellement mondial et implique généralement majoritairement les technologies de l'information et de la communication : transports connectés, immeubles "intelligents", assistance aux personnes dépendantes, le paiement dématérialisé, la sécurité, ... Il peut aussi recouvrir les énergies propres que ce soit dans les transports ou l'habitat. Enfin, ce concept peut atteindre des niveaux extrêmes, comme en Chine, où l'introduction de l'intelligence artificielle peut aller jusqu'au contrôle très rapproché de chaque citoyen comme c'est le cas dans les régions du Xinjiang et du Tibet.

En Inde, pays où les villes ont grossi de manière anarchique, il y a des problèmes plus élémentaires à régler. Le gouvernement de l'Inde a lancé, en 2015, le projet India Smart Cities Challenge.

L'objectif est de développer 100 smart cities en Inde et soutenir la réhabilitation de 500 autres villes indiennes. Dix points essentiels sont abordés dans ces projets :
  1. La gestion de l'eau (réseaux d'approvisionnement, d'évacuation) ;
  2. La gestion de l'énergie, en particulier assurer un approvisionnement stable en électricité ;
  3. Le traitement des déchets ;
  4. L'amélioration de la mobilité intra-urbaine et une politique de transports publics efficaces ;
  5. Un projet immobilier faisant la place à des habitations abordables pour tous ;
  6. Des télécommunications de qualité et le développement du numérique dans la société ;
  7. Une gestion saine, l'e-gouvernement et la participation citoyenne ;
  8. Un cadre de vie durable ;
  9. La sécurité des habitants et en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées ;
  10. Des services de santé et d'enseignement de qualité.
Si l'urgence de traiter les 4 premiers points est évidente pour tout visiteur de l'Inde, les 6 suivants sont bien entendu tout aussi, si ce n'est plus, importants pour la société indienne.
Le projet national est ambitieux et l'Inde y consacre plus de 13 milliards d'euros.

Pondichéry n'est pas dans la "short list" des 100 premières villes sélectionnées pour l'India Smart Cities Challenge. Néanmoins, deux premières initiatives sont visibles à nos yeux de touristes.

La première consiste en un projet Smart Cities parrainé par la France et porté par le gouvernement de Pondichéry. Ce projet s'organise autour du patrimoine architectural original de la ville. 100 millions d'euros (co financé pour un peu moins d'un tiers par la France et, pour le reste, à parité par le gouvernement central indien et l'état du Tamil Nadu) doteront les différentes tâches sélectionnées parmi les 70 projetées, comme :
  • des logements abordables pour tous et en particulier, la disparition des bidonvilles ;
  • l'amélioration des flux en ville avec comme objectif de réduire la pollution, de créer/rénover trottoirs et rues, de développer/améliorer les transports publics intra-muros, de créer des pistes cyclables, etc. ; la rénovation du terminal de bus ; la mise en service de rickshaws électriques ;
  • le développement de parcs, zones récréatives, etc. ; le rafraîchissement du jardin botanique ;
  • le développement des services municipaux en ligne ; la constitution de réseaux sociaux d'échanges entre les citoyens sur tout projet concernant la cité ;
  • la mise en place d'un corridor propre allant du centre ville à la mer avec l'assainissement de la zone du canal, la création de deux stations d'épuration avec purification de l'eau par oxygénation et redistribution de celle ci aux entreprises et aux agriculteurs ;
  • la réhabilitation du patrimoine de la ville : monuments, traces de l'ancien comptoirs français, etc. ;
  • ...
Certaines de ces tâches sont en cours. Rues et trottoirs défoncés, armée d'ouvriers travaillant sous le soleil, tas de sable et de graviers à tous les coins de rues. Câbles sortant d'une multitude de profonds trous dans la rue Nehru, ... La circulation n'est certes pas toujours facile pour le piéton mais on voit vraiment se dessiner une vraie amélioration de la vie au cœur de la ville. Il n'y a qu'à espérer que débordement de magasins et échoppes improvisées sur le trottoir ne vont pas à nouveau freiner les flux des chalands ... Quoique ! Cette vie foisonnante fait aussi partie du charme de ce pays.

 

Les bâtiments historiques se réhabilitent dans la ville blanche. Le bâtiment des douanes est devenu blanc éclatant ; il est prévu que pareil rajeunissement atteigne le vieux phare. l'ancien hôtel de ville tombé d'épuisement est en reconstruction presque à l'identique ; le tribunal d'appel est pratiquement achevé ; Sainte Marie des Anges éclate de ses peintures fraîches et l'ancien hôtel d'Europe (1891) se relooke tout de blanc. Des hôtels prennent place dans d'anciennes demeures. Des particuliers ont rajeuni leurs maisons traditionnelles cachées derrière des murs blancs et jaune d'où s'échappent des bougainvilliers multicolores. Des zones de parking sont définies et presque respectées ...



Enfin, la ville de Pondichéry est intégrée au programme national Clean India Mission (Swachh Bharat Mission), lancé par le gouvernement indien en 2014. Ce programme porte sur l'assainissement en Inde. Un des objectifs est la gestion des ordures (collecte, tri, traitement). En effet, si, jusqu'à quelques dizaines d'années, les ordures étaient majoritairement d'origine végétales et peu ou prou biodégradables, l'utilisation croissante d'objets en plastique (sacs, boîtes, etc.), de déchets liés à une forte augmentation des voitures, motos et scooters (huiles, résidus, etc.) , des appareils électroniques (écrans, circuits, etc.) a rapidement constitué de gigantesques poubelles qui jonchent les abords, voire  l'intérieur, des villes et villages.

Pondichéry depuis quelques années a pris le problème en main et le centre ville devient de plus en plus propre. Des brigades de balayeuses sillonnent la ville blanche, les bouteille en plastique sont collectée pour être recyclées, des poubelles font leur apparition avenue Goubert, des stands du marché ont été assainis, ...





Un autre est l'incitation à utiliser des toilettes, beaucoup d'indiens ayant la fâcheuse habitude de se soulager sur la plage, en bordure de rivière ou à la proximité des habitations, que ce soit à la campagne ou en ville. Cette habitude qui est un facteur important de propagation des épidémies est difficile à éradiquer. Un grand programme au niveau indien est lancé pour la construction de 95 millions de toilettes publiques, construction qui doit être terminée en octobre 2019 pour le 150ème anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi ; ses célèbres lunettes figurent d'ailleurs sur le logo du programme. Il inclut aussi une grande campagne d'information dans tout le pays, avec, entre autres, la mobilisation d'étudiants, de personnalités politiques, d'acteurs, de sportifs, de journalistes de télévision. À Pondichéry, des affiches explicites égayent les murs de la cité.






La ville de Pondichéry consacre à la mise en place du projet Clean India Mission un budget d'environ 3,75 millions d'euros. Cette modernisation de la cité ne fait pas toujours l'unanimité auprès de ses habitants. Ils trouvent que le projet met un accent trop important sur l'attractivité touristique de la ville et craignent qu'elle ne perde de son charme. Il est vrai que la ville blanche ne comporte quasiment plus de magasins d'alimentations, que les boutiques de luxe à destination de touristes aisés y pullulent et que les hôtels de tous genres y fleurissent repoussant les anciens habitants au-delà du canal. La ville est belle et son patrimoine architectural est unique. La municipalité doit trouver un juste équilibre entre valoriser ce patrimoine et garder l'âme de Pondichéry.



Françoise Simonot-Lion et Matthieu de Lamarzelle